Michaela Borrmann, sœur consacrée dans la Communauté du Chemin Neuf, nous explique ce que signifie la fête de la Réforme pour l’église luthérienne en Allemagne.

Dans mon église luthérienne en Allemagne, les grandes fêtes sont : Pâques, Noël, la Pentecôte … Puis, il y a des fêtes plus petites comme la fête de la moisson en octobre et ensuite, le 31 octobre, la fête de la Réforme. Martin Luther, moine, prêtre et professeur en théologie, avait fait une rencontre fulgurante avec la miséricorde de Dieu à travers l’épître aux Romains. Le 31 octobre 1517, veille de la Toussaint, il affiche 95 Thèses pour dire que la miséricorde de Dieu est un don gratuit.
Petit cours de rattrapage humoristique sur l’histoire de Martin Luther et les débuts de la Réforme en 5 minutes :
Que fêtons-nous donc le 31 octobre ? Trois choses :
- Sola gratia, « la grâce seule » : Il n’y a que la grâce de Dieu qui, sans mérite de notre part, nous permet d’accueillir l’amour et la miséricorde de Dieu. Si tu as déjà vécu ce pardon immérité qui libère, bienvenue à la fête !
- Sola scriptura, « l’écriture seule » : Il n’y a que dans la Parole de Dieu que nous trouvons la véritable source de notre foi. La traduction de la Bible dans des langues vulgaires est un fruit de cette découverte. Si jamais tu peux lire ta Bible dans ta langue maternelle, tu peux rendre grâce !
- Sola fide, « seule la foi » : Pour accueillir le salut que Dieu veut nous donner, ce ne sont pas nos œuvres qui comptent en premier, mais notre confiance en Dieu. Si jamais tu te trouves arriver devant Dieu les mains vides, tu peux rendre grâce, car le plus précieux pour Dieu est la confiance que tu lui fais ! Il cherche avant tout ton cœur.
Ruth Lagemann, sœur consacrée dans la même Communauté, nous partage ce que le jour de la Réforme fait résonner en elle.

« Depuis le départ de mon pays natal, ce jour de la Réforme, qui dans d’autres pays que l’Allemagne n’est souvent pas connu, m’interpelle de plus en plus. Après une enfance dans une région majoritairement luthérienne (qu’on appelle plutôt «evangelisch / évangélique » car Luther ne souhaitait pas créer une nouvelle église portant son nom, mais plutôt faire revenir l’église catholique romaine à l’Evangile du Christ), où ce jour faisait partie des fêtes de l’année liturgique, ne pas marquer ce jour m’était difficile. Mais est-ce que c’est mieux dans un contexte œcuménique de « fêter » ce jour ou de le « commémorer » ? Comment vivre de manière juste et constructive ensemble? N’est-ce pas un jour qui pourrait nous interpeller dans nos différentes églises et fraternités pour nous remettre au pied de la croix et remettre ce qui, dans nos paroles et actes entre nos églises, n’était pas conforme à l’Evangile ? Entrer communautairement dans le « semper reformanda » ?
Ainsi, nous pourrions ensemble entrer dans la fête de notre unité en Christ, renouvelés et renforcés par le lien de la grâce et de la miséricorde, du salut ! »
Prière de Martin Luther pour l’unité : « Dieu éternel et miséricordieux, toi qui es un Dieu de paix, d’amour et d’unité, nous t’en supplions, Père, de réunir, par ton Esprit Saint, tout ce qui est divisé. Que nous n’ayons plus qu’un seul cœur, une seule volonté, une seule science, un seul esprit, une seule raison. »